Paradoxe(s)

L’amour et l’amour

Avoir tant de choses à exprimer, mais être sans voix.

Les doigts engourdis. Le corps lourd. L’esprit confus.

Voir défiler les tweets. Ce carrousel sans fin. Vertigineux et anxiogène. Les news, les angles, les opinions, les avis, les idées, la résistance, l’humour, la haine et l’amour. Le relativisme géographique, les décisions politiques, le communautarisme, les intérêts économiques, les religions, les guerres, l’analyse micro, la vision macro. La médaille et ses deux faces. Toujours.

Éteindre son écran pour arrêter ce défilement incontrôlable. Mais constater qu’il continue présent. Dans le crâne. Plus que jamais présent. Profondément. Mêlé à des embryons de réflexion. À de vaines tentatives d’explication. À des peurs. À des souvenirs. À ces visages croisés à travers les frontières, les gamins du Mékong, les croyants du Gange, les fantômes aborigènes, la petite fille des Lençois, le vieil homme de l’Altiplano, les enfants mendiants de Tana, les paysans chinois, les sans-abris en face du Delhaize. C’est sans fin. Sans issue.

Le cerveau est une machine à laver infernale. Le tambour ne cesse de cogner les parois. Le linge est plein de sang.

Freiner. Ralentir le flux continu. Se mettre à rêver à la « maison ». Sous ce soleil réconfortant, la mer, l’aridité de l’Alentejo, les ruelles pavées de Porto. C’est ça. Ça doit être ça. Un cap.

Revenir à la réalité et se demander pourquoi. À quoi ça sert ? Quel est le sens de ce que je vais faire aujourd’hui ? De ce que je pourrais dire ou écrire. Quel est l’intérêt même de ces questions ?

Avoir tant de choses à exprimer, mais être sans voix.

L’amour, un gouvernail.

#Bruxelles22032016

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